L’année 2025 marque le centenaire de la mort de Jules Méline, homme politique né à Remiremont.
Afin de célébrer ce centenaire et faire connaître davantage la vie et l’œuvre de cet homme d’Etat vosgien, le Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire a organisé au Conseil départemental des Vosges une journée de conférences dédiées à la vie et aux actions de cet illustre personnage.
Jules Méline, le Vosgien qui fit rayonner la République
par Céline Cadieu-Dumont, Directrice des Archives départementales des Vosges
Entre 1893 et 1906, Jules Méline incarne une figure politique majeure dans les Vosges et au-delà. Président du Conseil général, ministre, chef du gouvernement, il est l’un des artisans d’une République pragmatique, enracinée dans les territoires et tournée vers le progrès.
Successeur de Jules Ferry, Méline s’impose par sa rigueur et son sens du travail. Sa silhouette austère, son visage anguleux, traduisent une personnalité sans éclat mais d’une efficacité redoutable. Ni passionné ni rêveur, il est un homme de principes, de méthode et de bon sens. Il préside avec fermeté, mais sans sectarisme, et place l’intérêt général au cœur de son action.
Élu président du Conseil général des Vosges en 1893, il est reconduit chaque année jusqu’en 1906, souvent à l’unanimité. Son autorité naturelle, son attachement à la République et sa proximité avec les réalités locales lui valent le respect de ses collègues. Méline ne cherche pas à séduire, mais à convaincre. Il refuse les discours creux et les promesses irréalisables. Pour lui, gouverner, c’est agir.
Son engagement en faveur du monde rural est exemplaire. Ministre de l’Agriculture dès 1883, il devient le père du Crédit agricole, initiant les lois de 1894 et 1899 qui permettent aux agriculteurs d’accéder au crédit. Face aux crises agricoles, comme la sécheresse de 1893, il propose des solutions concrètes : achats groupés de semences et d’engrais, soutien aux syndicats agricoles, distribution ciblée des aides de l’État. Il défend une agriculture moderne, scientifique, et soutient la création d’écoles agricoles et de chambres d’agriculture.
Méline est aussi un républicain convaincu. Il célèbre les valeurs de liberté, de tolérance et de justice. Il s’oppose aux extrêmes, qu’ils soient cléricaux ou révolutionnaires, et appelle à l’union des forces modérées. Dans ses discours, il condamne les querelles stériles et les divisions partisanes. Il défend la laïcité sans agressivité, le Concordat sans dogmatisme, et la liberté religieuse comme un pilier de la République.
Son mandat est marqué par des événements marquants : la catastrophe de Bouzey, les débats sur l’impôt sur le revenu, l’affaire Dreyfus. Méline reste fidèle à ses principes : respect des lois, défense de l’armée, rejet des utopies. Il appelle à dépasser les passions pour se concentrer sur les vraies priorités : agriculture, industrie, finances publiques.
En 1896, il devient président du Conseil, chef du gouvernement. Il gouverne avec modération, mais aussi avec ambition : dégrèvement de l’impôt foncier, soutien aux travailleurs, affirmation du rôle international de la France. Il refuse les alliances contre nature et défend une République équilibrée, respectueuse des libertés et soucieuse de l’ordre.
En 1907, Jules Méline quitte la présidence du Conseil général. Il laisse derrière lui l’image d’un homme de devoir, fidèle à ses convictions, soucieux du bien commun. Son héritage est celui d’une République apaisée, tournée vers le progrès et enracinée dans les territoires. Dans les Vosges, son nom reste associé à une gouvernance exemplaire, à une vision claire et à une fidélité sans faille aux idéaux républicains.
Retrouvez le programme des conférences sur Jules Méline
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